La littérature et les NTIC
Je suis toujours surpris quand je suis amené à lire un ouvrage littéraire qui va incorporer des notions aussi modernes que les NTIC. Le personnage principal passe des coups de fil avec son téléphone portable, reçoit des textos, communique via email. J'ai toujours eu du mal avec cette modernité. Est-ce une forme de technophobie? Je ne pense pas que je puisse me considérer comme technophobe dans la mesure où, comme beaucoup d'entre vous, j'ai toutes sortes d'outils technologiques et modernes à ma disposition à commencer par cet ordinateur portable et ce blog qui me permettent de communiquer.
Je me suis demandé si l'on ne pouvait pas considérer les NTIC comme un élément profane au sein du très sacré milieu que représente la littérature. On se souvient du pamphlet de Mallarmé contre la monétisation de la littérature. Et il est vrai qu'aujourd'hui les NTIC ont systématiquement un prix. Avant, avoir un téléphone était un acte banal en soi. On disait "j'ai le téléphone" et on n'entendait pas derrière "ah oui et quelle est sa marque? Montre-le nous!". Pourtant notre société produit des héros modernes, de même que notre littérature le fait. Alors comment joindre les deux bouts?
Si le 19ème a vu le roman monter en puissance et s'imposer progressivement avec notamment l'entrée de plusieurs romanciers à l'Académie (NB : le premier romancier reçu à l'Académie a été accueilli par un discours qui posait la question : Comment contenir le roman?), le 20ème siècle a vu peu à peu la poésie se dissiper, s'amincir. Une fois les surréalistes et leur refus du roman disparus, il n'est resté que quelques poètes. Aujourd'hui, la poésie n'est que trop peu publiée par les maisons d'édition, elle demeure un genre à part, non-commercial ou non-commercialisable. Néanmoins, elle parvient à vivre grâce à l'internet avec une recrudescence des blogs consacrés à la poésie.
La poésie n'est pourtant pas la seule à ressentir le contrecoup de la société de consommation. Je pourrais parler du théâtre, des arts en général mais je ne ferai que m'aligner sur le modèle de la poésie. Le roman lui-même est attaqué. Ses formes sont beaucoup moins travaillées, sa diversité aussi. Ainsi, le roman épistolaire a disparu de nos rayons. Est-ce que ce côté voyeur qui existe dans le roman épistolaire avec ces intrusions du lecteur dans l'intimité de tous les héros a été substitué par des formes modernes de voyeurisme comme la télé-réalité, les potins people? A moins qu'il ne faille chercher l'explication dans le fait qu'aujourd'hui presque plus personne n'entretienne une correspondance régulière. Je me demandais s'il serait possible de construire un roman épistolaire avec une correspondance de courriels. Le réalisme serait à nouveau en berne, les scénarios multiples, la rencontre peut avoir lieu à travers internet etc. Bref, une manière de relancer la curiosité du lecteur, de l'intéresser à nouveau à ces échanges intimes qui n'ont pas survécus à la société de consommation. Peut-être que cela a déjà été réalisé?