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Blog d'un citoyen du monde
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9 septembre 2008

Miguel Unamuno...

Le passage ci-dessous provient du documentaire Mourir à Madrid réalisé par Frédéric Rossif également auteur du très célèbre De Nuremberg à Nuremberg. C'est l'écrivain Madeleine Chapsal qui a écrit le texte.

Franco déclare : "Je ferai, s'il le faut, fusiller la moitié de l'Espagne."

Personne ne répond.

Personne ne proteste.

Sauf un homme.

Le vieux philosophie, Miguel de Unamuno, auteur du "Sentiment tragique de la vie", recteur de l'Université de Salamanque, maître à penser de sa génération, resté à la tête de son université, en territoire nationaliste. Le "Jour de la fête de la Race", à Salamanque, dans le grand amphithéâtre de l'Université, le général franquiste Millan Astray, mutilé de guerre injurie la Catalogne et le Pays Basque, tandis que ces partisans hurlent : "Vive la mort!".

Unamuno se lève lentement et dit : "Il y a des circonstances où se taire est mentir. Je viens d'entendre un cri morbide et dénué de sens : Vive la mort! Ce paradoxe barbare est pour moi répugnant. Le général Millan Astray est un infirme. Ce n'est pas discourtois. Cervantès l'était aussi. Malheureusement, il y a aujourd'hui, en Espagne, beaucoup trop d'infirmes. Je souffre à la pensée que le général Millan Astray pourrait fixer les bases d'une psychologie de masse. Un infirme qui n'a pas la grandeur spirituelle d'un Cervantès recherche habituellement son soulagement dans les mutilations qu'il peut faire subir autour de lui."

S'adressant ensuite personnellement à Millan Astray : "Vous vaincrez, parce que vous possédez plus de force brutale qu'il ne vous en faut. Mais vous ne convaincrez pas. Car, pour convaincre, il faudrait que vous persuadiez. Or, pour persuader, il vous faudrait avoir ce qui vous manque : la Raison et le Droit dans la lutte. Je considère comme inutile de vous exhorter à penser à l'Espagne. J'ai terminé."

Consigné sur ordre à son domicile, Miguel Unamuno mourut le coeur brisé, quelques semaines plus tard.


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Commentaires
L
La République n'était qu'une minorité, une coalition de socialistes plus ou moins convaincus mais qui n'avait aucune chose de tenir puisque le peuple était majoritairement à la FAI ou à la CNT. <br /> <br /> Une fin tragique, à l'image de celle de Lorca, la mort d'un grand esprit qui n'avait pas officiellement pris position. <br /> <br /> Merci pour cette participation.
A
La fin d'un homme juste, épouvanté par la tournure des évènements, le coeur brisé, non seulement par la cruauté du Movimiento nacional mais aussi par une République incapable de maintenir la légalité et le pouvoir de l'Etat face d'abord au bouillonnement révolutionnaire qui va cohaliser la "réaction" .... <br /> <br /> Ses idées trahies (Azana, Cabalerro ...), le pire se dérouloant sous ses yeux .... quelle fin triste et amère pour ce brillant intellectuel.
L
Oui, il faut perpétuer cette mémoire. Malheureusement, certains feux sont plus durs à entretenir que d'autres...
M
Cette séquence célèbre est à la hauteur des récits dont il faut se souvenir et transmettre aux enfants, et à leurs enfants, pour la suite de l'humanité. Merci d'avoir pris le temps de la raconter ici, encore une fois.
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