Germinal, Claude Berri
Vidéo envoyée par kroulik
Germinal (dont voici un extrait) tient une place particulière dans ma cinémathèque. Il est, à mes yeux, une brillante adaptation de l'oeuvre de Zola. En effet, en ne s'éloignant pas trop de la trame zolienne, en conservant beaucoup de dialogues intacts, Berry a permis de faire revivre le ton de Zola. Bien sûr de francs décalages ont été adoptés par rapport au livre, la trame a été émondée en certains points, les personnages ont aussi pris cent ans et cela se sent. L'humain a évolué, les corps ne sont plus les mêmes. Cette adaptation du roman de Zola tient pour moi beaucoup de la performance de Miou-Miou mais aussi de Judith Henry.
Miou-Miou est sidérante de juste dans le rôle de la Maheu, sa voix est vraiment parlante, ses gestes, ses poses, tout est appropriation du personnage. Miou-Miou a réussi à dégager une certaine beauté de ce personnage marquant mais impuissant. On sent dans l'adaptation cinématographique toute la force de l'ouvrier, toute la souffrance accumulée qui déborde. Judith Henry au contraire va marquer plutôt le désarroi face à l'avenir, l'adolescente Catherine "culbutée" (pour reprendre la terminologie zolienne) qui voit ses rêves, sa famille s'amenuire à mesure qu'elle grandit. La mère et la fille entrent en confrontation, ce duel d'actrices est d'une excellente qualité.
Face aux duels des femmes qui débouchera sur l'emasculation de l'épicier, on trouve le duel des hommes, Chaval (Jean-Roger Milo) contre Etienne Lantier (Renaud). Chaval (onomastiquement le cheval, la bête) va affronter le raffiné Lantier avec ses instincts, poussant ce dernier à sortir de ses gonds pour le tuer. Il y a aussi une rivalité-amitié qui naît entre Lantier et Souvarine. Laurent Terzieff qui incarne Souvarine est à mettre parmi les grandes satisfactions de ce film. Quelle justesse! Incroyable! Ce cynisme latent face aux vélléités des mineurs et finalement cette sortie par la porte de Bakounine.
Germinal est l'un de ces films qui parvient à prolonger le vieux rêve de Zola de mettre la "réalité sur les planches". On a un bel hommage qui est rendu à la mine et aux mineurs, dommage que certains acteurs ne soient pas suffisamment proches de leur rôle dans la vraie vie...